Perspective de tranquillité:

la journée ne doit rien m’apporter de neuf. Personne à l’horizon, pas une tâche à accomplir, nul besoin à satisfaire, aucun voisin à saluer. Je n’aurai rien à faire, durant les cinq semaines qui me restent au Costa Rica, sur ces deux plages.

Mais curieusement, le temps file à grande vitesse durant ces jours d’oisiveté. De toute façon, le défilé des heures est plus trépidant que l’abattage des kilomètres, et lorsque je trouve un paradis, je le déguste. Partant à l’aube avec le kayak, je passe des journées entières en mer. Je serai ainsi, spectateur des amours des baleines et des tortues, pécheur de mérous, bon perdant devant les barracudas et aiguillettes, qui me casseront mes lignes. Au retour, je serai lutteur contre les vagues et le vent. D’autres jours me tournant vers la lagune, j’observerai des heures durant, les oiseaux de ces lieux, et même si le jaune du kayak est peu discret, je finirai par m’y faire accepter.

Enfin, vient le moment de féérie, au couché du soleil sur le pacifique. Heure ou, cormorans et pélicans reviennent se nicher sur l’ilot qui me sert de base pour plonger. L’immobilisme de ces journées m’oblige à cet exercice d’observation quotidien. Ne pas s’y plier, laisserai place à l’envie d’aller voir ailleurs.
Pourrais-je un jour me lasser de la splendeur du coucher de soleil sur le Pacifique. De quoi se plaindre d’ailleurs ? Les choses sont moins figées qu’elles n’y paraissent : la lumière nuance la beauté, la métamorphose des couleurs est grandiose et jour après jour se renouvèle.

Ce matin, tout en écoutant mon cour d’espagnole, je fais du pain. Je pétris longtemps la pâte. « Pas de contact plus doux à la main du solitaire que je suis. On comprend le rapport qui s’est exprimé par les mots et les expressions entre la pâte et la chair. Les boulangères sont des figures aphrodisiaques, elles évoquent un érotisme sain, rose, grassouillet. Je mange mon pain et me force à ne plus penser aux boulangères » ni aux baleines, et dois réécouter cette leçon d’espagnole….

AuutoMarcoportrait